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central du transsept. Les deux plus grosses de toutes, qu’on appelait les bourdons de Notre-Dame, étaient placées dans la tour du midi. Sans parler des autres cloches d’aujourd’hui qui n’ont aucune importance, nous dirons que Notre-Dame a conservé le plus gros et le plus harmonieux de ses deux bourdons. Les Parisiens lui ont voué une affection singulière, et les jours solennels le peuple se plaît fort à l’entendre sonner. Le poids en est évalué à treize mille kilogrammes. Une longue inscription latine en relief sur le cuivre nous apprend que cette cloche, donnée en 1400 par Jean de Montaigu[1], qui la nomma Jacqueline, du nom de sa femme, Jacqueline de La Grange, fut refondue en 1686, et qu’elle reçut alors les noms d’Emmanuel-Louise-Thérèse, en l’honneur du roi Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse d’Autriche. À l’époque de la refonte, la quantité de métal, qui n’était que de quinze mille livres, fut augmentée du double environ par la munificence du chapitre[2]. Les beffrois en charpente, auxquels sont suspendues les cloches, ont été refaits dans ces dernières années, et des précautions extrêmes ont été prises pour assurer le jeu de la sonnerie sans causer d’ébranlement aux murailles.

Les baies supérieures des tours étaient défigurées par des espèces d’auvents en charpente qui rongeaient les colonnettes et masquaient toute la décoration ; ils sont main-

  1. Jean de Montaigu, décapité en 1409 aux Halles de Paris, était conseiller du roi, grand maître d’hôtel de France, et frère de Gérard, 95e évêque de Paris.
  2. Le second bourdon a été détruit ; il pesait vingt-huit mille, disent les historiens de Notre-Dame, mais il y a toujours exagération dans ces dires.

    Sur le bourdon conservé, on lit les noms des fondeurs N. Chapelle, J. Giltot, C. Moreau et Florentin le Guay. Le dernier seul prend le titre de maître fondeur ; il était Parisien.