Page:Description de Notre-Dame, cathédrale de Paris.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sauvé ce qui restait, et puisse ce grand service rendu le faire absoudre de ses agressions contre les traditions religieuses ! Mutilée au dehors, dépouillée au dedans de ses plus précieuses richesses, l’église de Maurice de Sully, de Philippe-Auguste et de saint Louis devint le temple décadaire de la Raison.

Les prélats qui se sont succédé sur le siége de Paris depuis le concordat de 1802, les princes qui ont gouverné la France, les administrateurs qui ont été chargés des grands intérêts de la ville de Paris et du département de la Seine, ont tous fait les plus louables efforts pour rendre à Notre-Dame son antique magnificence. Mais le moment n’était pas arrivé. Les principes de l’art du moyen âge n’avaient pas encore été étudiés, et chaque restauration nouvelle entraînait, comme au XVIIIe siècle, la perte ou la dégradation de quelque partie importante du monument. Cependant une génération d’artistes, pleine de zèle et de dévouement, se formait en silence à la pratique de notre vieil art national, par les travaux les plus sérieux et les plus opiniâtres. Des voix éloquentes, entre lesquelles nous aimerons toujours à citer celle de M. le comte de Montalembert, le défenseur-né de l’art et de la liberté catholiques, protestaient en faveur de nos monuments historiques si longtemps oubliés. Le gouvernement, de son côté, voulut répondre dignement à l’expression d’un aussi noble sentiment, et en 1845 une loi solennellement discutée ouvrit libéralement le trésor de l’État pour la restauration de Notre-Dame. Depuis dix ans des travaux d’un développement immense et d’une difficulté dont on ne peut appré-