Page:Deschamps - Trois Satires politiques, 1831.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 35 —

Tu l’estimes trop sainte, et méprisant la ruse,
Tu n’attachas jamais de cocarde à ta muse.

Les dieux Lares sont tout et le Forum n’est rien
Pour moi qui place l’homme avant le citoyen :
Fi de l’ambition, vieille à l’humeur grondante,
Épouse que l’on prend quand on n’a plus d’amante,
Quand aux émotions qui l’avaient tant charmé
Le pauvre cœur humain est tout entier fermé !

Ami, l’amour de Dieu, de l’art et de la femme
Est le seul aliment digne d’une belle âme :
Celui qui ne sent pas, au midi de ses jours,
Habiter en lui-même un de ces trois amours,
Est mauvais à mon sens, et, fût-il populaire,
Je le tiens enfanté dans un jour de colère,
Et je ne voudrais pas, pour son fragile bien,
Porter dans ma poitrine un cœur pareil au sien.

Avril 1831.


fin.