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Alors frappez, marteaux, et vous, fourches pesantes,
Abattez, renversez, et sous vos dents puissantes
Faites craquer ses os, et lambeau par lambeau,
Déchirez l’effrontée, avant que son couteau,
Luisant comme l’éclair au fort, de la tempête,
Ne jette au vil panier une coupable tête ;
Car, après le coupable il faudrait l’innocent,
Ce monstre-là buvant toute espèce de sang.

Or, à quoi bon prévoir de si grandes misères,
Et rappeler ces temps si funestes aux mères,
Temps qu’on ne verra plus, car, on nous l’a juré,
Depuis six mois entiers l’homme est régénéré !
D’ailleurs, les nations valent-elles la peine
Que pour leurs intérêts on affronte la haine
De ces écervelés, Brutus d’estaminet,
Planteurs de l’arbre droit au sinistre bonnet ?
Certes, à voir ce qu’on gagne aux affaires publiques,
Je prends en grand pitié les hommes politiques,
Qui passent devant nous d’un air si dédaigneux,
Et qui devraient garder tout ce dédain pour eux :