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La corde que le peuple, en sa brute colère,
Attacha hardiment à la croix séculaire.
Marchez devant ce peuple, et ne le suivez pas :
Au sentier du devoir faites rentrer ses pas.

Voyez en quel état est notre pauvre France,
Et comme son beau corps se tord dans la souffrance !
Ses enfans bien-aimés, en pleurs, et leurs cerveaux
Se creusant à chercher remède à tant de maux ;
Ses lugubres cités, champ de bataille étrange.
Où vainqueurs et vaincus sont couchés dans la fange ;
Les plus forts abattus et ceux-là consternés ;
Qui portaient leurs fronts haut et d’espoir couronnés ;
L’ambition partout, nulle partie génie ;
La foi morte en nos cœurs, l’Église à l’agonie ;
Comme des histrions avides de succès,
Des prêtres chantant vêpres et la messe en français,
Et dans une boutique en autel travestie,
Faisant couler le sang de la divine hostie !
Et cependant l’Europe entr’ouvrant à la fois
Mille volcans nouveaux sous les pieds de ses rois ;