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C’est que le peuple admire et craint les hommes forts,
Et ne bronche jamais tant qu’il sent bien le mors,
C’est un cheval, rétif au cavalier timide,
Et docile à la main qui lui tient haut la bride.
Or, le peuple français comprend l’égalité,
Mais il profane encor la sainte liberté.
Ces paroles, lecteur, doivent te sembler dures :
Tu peux, si tu le veux, les prendre pour injures,
Mais, dût-on m’appeler ami de Charles dix,
C’est là ce que je pense, et partant, je le dis.
Donc, messieurs du pouvoir, qui, dans ces temps de crise.
Avez courbé le dos sous la grande entreprise,
Gouvernez, gouvernez, c’est là votre métier ;
Et tenez-vous toujours fermes sur l’étrier ;
Et si votre cheval a l’humeur volontaire,
Qu’il veuille, en se cabrant, jeter son maître à terre,
Il faudra, cavaliers, le mater rudement,
Arrêter, et non pas régler son mouvement.
Quand des fautes du prêtre on punira le temple,
N’allez pas nous donner le ridicule exemple
D’un ministre niais, venant le lendemain,
Tirer aux yeux de tous, d’une tremblante main,