Page:Deschamps - Trois Satires politiques, 1831.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 25 —

Et tandis qu’à grands frais vous faites de l’utile
Et des chemins de fer pour des passans d’argile,
Chantent, de peur qu’on dise en voyant tout cela :
Ah ! le monde est si vieux que son ame s’en va !

Or écoutez, lecteur, un acte épouvantable,
Acte pénible à croire, et pourtant véritable ;
Et, comme Dante ici j’oserai l’affirmer,
Car j’ai vu le coupable, et je puis le nommer.
L’autre jour, à Paris, dans la ville où nous sommes,
Un courtier, en causant avec un de ces hommes,
Un de ces financiers, déposa son chapeau
Sur le maroquin vert du splendide bureau.
Le financier trouva la licence incongrue,
Et d’un revers de main le jeta dans la rue.
Or, l’autre avait du cœur, mais une femme aussi,
Et des petits enfans qu’il nourrissait ainsi,
Et venait au Mondor demander une affaire…
Il se mordit la lèvre, et forcé de se taire,
Maudit l’homme au cœur sec, et l’implacable faim
Qui l’obligeait, hélas ! d’en attendre du pain ;