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V.


deuxième prologue. — petit chœur.


Récitatif harmonique.



Plus de bal maintenant, — plus de scènes d’amour !
                La fête de la mort commence.
Chez le vieux Capulet, le deuil règne à son tour.
Juliette !… elle est morte ! — Et la foule en démence
S’interroge. — Écoutez ! — Ses sœurs, en ce moment,
                Blanches, à travers les ténèbres,
En murmurant des cantiques funèbres,
                S’en vont déposer saintement
La jeune trépassée en son froid monument.





                Roméo que personne encore
                Dans l’exil n’a pu prévenir,
                Croit morte celle qu’il adore ;
                Rien ne peut plus le retenir :
                Il vole à Vérone, il pénètre
Dans le sombre tombeau qui dévora son cœur,
Et, sur le sein glacé dont vivait tout son être,
                Il boit la mortelle liqueur !…
                    Juliette s’éveille !
                    Elle parle !… ô merveille !
                Oublieux de sa propre mort,
                Roméo, comme dans un rêve,
Pousse un cri délirant, cri d’extase d’abord,
                Qu’aussitôt l’agonie achève !!…
Et Juliette au cœur se frappe sans remord.





Un bruit vague et fatal remplit la ville entière.
                La foule accourt au cimetière,