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Vanité ! faux brillant que le jour amortit,
Fruit de cire qui tente et trompe l’appétit ;
Fortune ! autre Veau-d’Or, déesse-courtisane,
Qui vend cher ses faveurs, nous énerve et nous damne ;
Sale idole debout sur tous nos saints débris,
Et, dans son temple grec, patrone de Paris !…
Ah ! vivez pour aimer, aimer Dieu, la nature,
Les arts, passion chaste et sublime imposture,
La sainte poésie, au feu sombre ou vermeil,
Par qui lame s’épure et remonte au soleil ;
Pour aimer les travaux, les fêtes domestiques,
Les fabuleux récits des merveilles antiques,
Et les jeux fraternels sous le large noyer
Qui défend des chaleurs et chauffe le foyer ;
Pour aimer vos parens, si joyeux de leur fille,
Et leurs amis qui sont encore une famille ;
Et pour aimer aussi quelqu’un, de cet amour
Qu’il vous faudra connaître en l’inspirant un jour.
Mais l’amour idéal, jeune, exclusif, austère,
Qui traverse une vie et n’est pas de la terre,
D’abord faible et tremblant comme un astre qui point,
Bientôt comète ardente et qui ne s’éteint point ;
L’amour enfin. — Et non cet amour des coquettes,
Volant qui rebondit sur toutes les raquettes,
Qui va, vient, tourbillonne, insensé de plaisir,
Comme un oiseau magique impossible à saisir,
Mais qui, lorsque le jeu se prolonge et s’allume,
Se prend l’aile et toujours y laisse quelque plume.


Et d’ailleurs, dans ce monde étourdi, froid, moqueur,
Prenez-y garde, il peut se rencontrer un cœur ;