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Avec un saint effroi l’Europe vous regarde ;
Et l’Europe a raison : car, après cinquante ans,
C’est l’Empereur encor, et c’est encor la Garde !
Encor la Vieille-Garde, à ses premiers printemps !


Vos balles, dont le bruit au cœur des peuples vibre.
Ont ouvert l’Italie, et son air s’épura ;
Vos boulets ont creusé le sillon du grain libre…
Ce grain de l’avenir, sous les vents, germera !


Il fut, un jour, hélas ! le vaincu de l’Europe
Notre Empire français, par vingt rois assiégé ;
Mais l’Aigle, à son réveil, a pris pour horoscope :
« MIL HUIT CENT QUINZE ÉTEINT, ET WATERLOO VENGÉ !  »


Soldats réparateurs, voilà ce que vous faites !
Voilà de vos drapeaux ce qui s’élance au loin !
Voilà nos horizons… et pourquoi tant de fêtes,
Dont le monde est l’ardent… ou l’inquiet témoin !


Jamais si peu de jours n’ont vu si grand exemple
De combats triomphants, d’élan illimité !
Le mépris de la mort ne fut jamais plus ample ;
Le mépris de la mort fait l’immortalité.