C’est ce que je voulais.
Petite violette, un jour, venait de naître
Sur le bord d’un ruisseau, dans un vallon caché,
Quand elle dit, mettant le nez à la fenêtre :
« Belle fleur !… j’ai le front vers la terre penché…
Qui le saura ? personne ; et puis, près de cette onde,
Qu’est-ce que je verrai ? Rien du tout. — Et les fleurs
Sont faites pour le monde…
C’est donc raison d’aller prendre racine ailleurs. »
Tout en parlant ainsi, petite violette
Avec les petits doigts de sa petite main
Tire ses petits pieds du sol, fait sa toilette
Et se met en chemin.
« La montagne au front bleu qui dans l’air se dessine,
Me conviendrait, dit-elle. — À son premier plateau
Si je pouvais atteindre ! oh ! ce serait bien beau !
Et je verrais du monde un bon morceau !…
C’est donc raison d’aller prendre, là-haut, racine. »
Petite violette a, d’un agile pas,
Gravi le monticule au soleil qui le dore ;
Mais, à peine installée, elle n’y trouve pas
Son compte, et soupirant encore :
« D’ici l’on ne voit pas grand’chose — il me faut tout.
Ah ! du second plateau je pourrais, j’imagine,
Voir le monde, et cela de l’un à l’autre bout…
C’est donc raison d’aller, plus haut, prendre racine. »