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aux conteurs d’Angleterre le cadre de leurs idylles, les jardins anglais, le gazon verdoyant, le serpolet, le thym, la marjolaine, les « broussailles de roses », les « fourrés de lilas », un fond de verdure qui donne l’illusion d’une forêt. Voyez, dans les descriptions de la Nouvelle Héloïse, le « ruisseau qui serpente avec économie », la mousse qui amortit les pas des amoureux, et les oiseaux, « époux inséparables, » qui, en se becquetant sous la verte feuillée, donnent un salutaire exemple aux lecteurs de Pope et aux lectrices de Richardson…

Cela, c’est la vieille Angleterre, Old England.

Oh ! que les vieux tableaux anglais de la Galerie nationale semblent jolis et reposants, lorsqu’on sort des cohues très modernes de Pall Mall ou de Piccadilly ! Ces toiles peintes ont une âme, une bonne âme de sentimentalité parfois fougueuse, toujours tenace et persistante. Sous les figurines, volontiers comiques, de l’imagier réaliste, on aperçoit l’innocent parti pris de nous ramener inévitablement à l’idylle et à la pastorale. On songe à cet aphorisme du grave Lockart, biographe de Robert Burns : « Dans les districts de l’Écosse, l’amoureux rustique poursuit sa tendre recherche d’une façon dont le jeune citadin peut difficilement comprendre le charme ».