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MARIVAUX.

leur eut répondu, de lire des Réflexions sur les différentes sortes de gloire ! Le jeudi 4 avril 1748, il revint à la charge sur l’Esprit humain. Et pourtant, ce jour-là, les trente académiciens présents durent entendre préalablement les harangues du marquis de Paulmy et de M. Gresset, et la réponse de M. de Boze ! En 1749, le 25 août (décidément il tenait à cette date torride, et notez que l’été de 1749, c’est Rousseau qui le dit dans ses Confessions, fut d’une chaleur excessive !), il recommença une lecture sur Corneille et Racine, et il la continua le 25 septembre. Ce n’est pas tout. Le 25 août 1750, il termina la séance, qui était déjà très chargée, par la lecture d’une série de Réflexions sur les hommes de génie. Le 25 août 1751, nouvelle lecture sur les Romains et sur les anciens Perses. Bien qu’il lût en perfection, et qu’en ce temps-là on sût s’ennuyer plus qu’aujourd’hui, ces séances devaient paraître mortelles. L’auteur des Surprises de l’Amour, devenu académicien, se fit peut-être une idée trop grave de son titre, et crut que sa fonction l’obligeait à se guinder jusqu’aux solennelles grandiloquences. Il força son aimable génie à s’égarer jusqu’à la divagation philosophique, croyant sincèrement qu’il abordait, par là, les grands sujets. Telle, une jolie femme qui, ne se croyant pas suffisamment sérieuse, essaie de se faire prendre au tragique en discourant éperdument sur les facultés de l’âme. Marivaux tenait à expier les succès de sa jeunesse, et à réparer, par un sublime effort d’éloquence, ce qu’il était fâché d’entendre appeler ses badinages. Après tout, ses Réflexions diverses ne valent ni plus ni