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dernières années de Marivaux.

gulier ne s’est jamais passé à l’Académie. » Le même policier, ayant fait sans doute une tournée dans les cafés littéraires, notait ceci : « Le discours de M. l’archevêque de Sens} est l’objet de la raillerie publique. Ce prélat trouve très peu de défenseurs. »

Les dernières années de Marivaux, inquiétées par la gêne, assombries par les approches de la caducité, attristées par la mort de Mme de Tencin, furent consolées, égayées par la bienfaisante amitié d’une excellente femme.

« Il est plus ordinaire, a dit La Bruyère, de voir un amour extrême qu’une parfaite amitié. » Marivaux et Mlle de Saint-Jean donnèrent, au déclin de leur âge, l’exemple d’une amitié quasiment merveilleuse.

Gabrielle-Angélique Anquetin de la Chapelle-Saint-Jean éprouvait, pour l’auteur de Marianne, une tendre admiration. C’était une vieille fille. Mais quoi ! les personnes de cet état ont souvent un charme délicat, je ne sais quel attrait qui vient de leur destinée brisée et de leur rêve inachevé. Quand elles ne tournent pas à la révolte acariâtre, elles sont admirables par leur idéalisme obstiné. Ce sont alors des sœurs délicieuses, des tantes exquises, des amies souhaitables.

Marivaux, lorsqu’il fit la connaissance de Mlle de Saint-Jean, se rappela sans doute cette sœur de curé, qu’il a dépeinte au commencement de Marianne : « C’était une personne pleine de raison et de politesse, qui joignait à cela beaucoup de vertu ». Quant à Mlle de Saint-Jean, elle éprouva sans doute pour lui un sentiment tout pareil à celui que ressentit,