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LES ENNEMIS DE MARIVAUX.

seule inimitié contre laquelle cet aimable écrivain eut à se défendre. Il avait le grand tort de ne point appartenir au parti des esprits forts, lequel mangeait avec conviction les truffes de Turcaret. Il n’était pas non plus de ce monde particulier qui fréquentait le café Procope, « rendez-vous des arbitres du parterre », le café Gradot ou le cabaret de la mère Laurent. Homme de bonne compagnie, de façons distinguées, de mœurs avouables, Marivaux eut contre lui tous les cénacles, lesquels siégeaient principalement dans les cafés.

C’était dans ces « cafés littéraires » que se montaient ordinairement les cabales destinées à faire tomber les pièces des auteurs qui, au gré des gratte-papier du lieu, n’étaient pas suffisamment déconsidérés.

Marivaux servit de plastron à beaucoup de préjugés et de haines. Son labeur continu (trente-deux pièces de théâtre, sept ou huit romans et une incroyable quantité de « mélanges ») ne l’a pas toujours défendu contre les attaques des paresseux ou des intrigants.

Il fut plusieurs fois obligé de faire représenter ses pièces sans les signer ou en les signant d’un pseudonyme, afin de dérouter les meneurs de cabales.

On a vu plus haut les démêlés de Marivaux avec Voltaire. Il eut aussi maille à partir avec l’obscène Crébillon fils. Cette querelle fut cependant la plus littéraire de toutes celles qu’il eut à soutenir.

C’était en 1734, peu de temps après que notre auteur eut commencé de publier son célèbre roman