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CHAPITRE III

LES ENNEMIS ET LES AMIS DE MARIVAUX
LES CAFÉS — L’ACADÉMIE
DERNIÈRES ANNÉES DE MARIVAUX

Écrivain respectueux de sa plume, honnête homme en un temps où les auteurs (et je dis les plus grands) avaient trop souvent des mœurs de laquais, soigné dans sa mise et, malgré sa profession d’auteur dramatique, régulier dans ses mœurs, Marivaux devait, par ces qualités mêmes, exciter la jalousie et le mauvais vouloir de quelques gens de lettres. N’étant ni homme de cour ni homme de collège, ni frivole ni pédant, il était un peu isolé. Il se bornait volontiers à la société d’un petit nombre d’amis. Il n’était d’aucune coterie, ce qui est le moyen de les avoir toutes contre soi. De plus, sa manière lui faisait une place à part. « J’aime mieux, disait-il, être assis sur le dernier banc dans la petite troupe des auteurs originaux, qu’orgueilleusement placé à la première ligne dans le nombreux bétail des singes littéraires. » Il s’est vanté de sa solitude et il en a pâti. L’hostilité de Voltaire ne fut pas la