aimable trait d’une femme, qu’il est honteux de débaucher les cœurs et glorieux de les attendrir ».
Otez de ce morceau les expressions démodées dont il est envieilli. Oubliez ce ton, qui rappelle un peu trop les sermons du Philosophe sans le savoir ou du Père de Famille, et vous y verrez l’expression ingénieuse d’une vérité qui ne pouvait rester indifférente au cœur attendri de Marivaux. « Nous n’avons de vertus sûres et durables que par le cœur », disait la marquise de Lambert. L’auteur des Fausses Confidences est de cet avis.
Toutes les littératures ont répété, dans toutes les langues, sur tous les rythmes, en poésie et en prose, cette profession de foi. C’est le thème préféré du lyrisme romantique ; et c’était le fonds même du drame cornélien :
Paraissez, Nararrois, Maures et Castillans,
Et tout ce que l’Espagne a nourri de vaillans !
Ce n’est point là une jactance espagnole. C’est l’élan spontané d’un sentiment dont tout homme bien né peut être capable, même s’il n’est pas Castillan. Quelle est la tâche qui ne paraîtra pas légère et douce, si elle plaît à la charmante et très chère amie, à l’unique Aimée ? Sourie qui voudra de ce sortilège où se laisse prendre délicieusement notre cœur. Il faut plaindre les pauvres gens qui croient pouvoir briser par de niaises facéties le grand ressort sans lequel l’élan de l’humanité s’arrêterait court.
Marivaux serait volontiers de l’avis de Platon, lequel souhaitait d’avoir une armée toute composée