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CHAPITRE II

MARIVAUX JOURNALISTE

C’était un sage assez indolent qui, sous des dehors brillants et faciles, cachait un fonds de noblesse et de désintéressement. Il fut complètement ruiné, comme La Chaussée et tant d’autres, dans les opérations de la banque de Law où des amis malencontreux l’engagèrent, et où un certain abbé Maingui le dévalisa. La banqueroute du « système », en 1720, détruisit son patrimoine, juste au moment où il venait de se marier avec une jeune fille de Sens, Mlle Martin. Cette « aimable et vertueuse » personne mourut quelque temps après ce désastre, en 1723, lui laissant une fille, qui, ne pouvant être établie, faute de dot, se fit religieuse à l’abbaye du Thrésor.

Ruiné par la bourse de la rue Quincampoix, l’auteur du Triomphe de l’Amour prit alors sa plume, s’assit à son secrétaire, et se mit bravement à l’ouvrage pour éviter l’indigence autant que pour oublier ses peines.