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SES DÉBUTS DANS LE MONDE ET AU THEÂTRE.

Bédoyère, ou que la pétillante Coraline, délices du prince de Monaco. Cette conquête parut peut-être trop facile à Marivaux, dont le raffinement dédaignait sans doute les menus bénéfices du métier d’auteur.

Marivaux préférait la simplicité des comédiens italiens, bons garçons et bonnes filles, à la solennité quasiment officielle, et au sans-gêne gourmé des comédiens français. Il n’eut pas à se louer de Mlle Quinault, ni de Dufresne, ni même du sieur Minet, copiste et souffleur de la Maison de Molière. Dans cet aréopage, les moucheurs de chandelles eux-mêmes le prenaient de haut avec les gens.

L’auteur de la Surprise de l’Amour ne donna que dix pièces au Théâtre-Français. Le Dénouement imprévu, représenté le 2 décembre 1724, est un petit acte un peu timide, dont le succès dut être médiocre. La première représentation des Serments indiscrets ne put être achevée, le 8 juin 1732, tant le tumulte des siffleurs était effroyable. On siffla depuis le commencement du second acte jusqu’à la troisième scène du cinquième. On fit détaler les acteurs à force de crier. On a su, depuis, que Voltaire était pour quelque chose dans cette cabale. Le Petit-Maître corrigé (6 novembre 1734) fut interrompu non seulement par des sifflets retentissants, mais par des paquets de clefs secouées. Ce soir-là, le parterre, au dire d’un témoin, fit un vacarme tel, « qu’on n’aurait pas entendu Dieu tonner ».

Le Legs fut représenté, sur le même théâtre, en juin 1736, avec plus de succès. La Surprise de