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SES DÉBUTS DANS LE MONDE ET AU THEÂTRE.

trouve trop grisonnant ; elle ne ressent, pour ce guerrier, qu’une respectueuse admiration. Elle aime Flaminius, ambassadeur romain, diplomate jeune et distingué. Voilà le fond de l’intrigue. La scène est à Nicomédie, dans le palais de Prusias.

L’auteur se faisait quelques illusions sur la fortune de cette pièce. « Je la sentais, dit-il, susceptible d’une chute totale ou d’un grand succès : d’une chute totale, parce que le sujet en était singulier et, par conséquent, courait risque d’être très mal reçu ; d’un grand succès, parce que je voyais que, si le sujet était saisi, il pouvait faire beaucoup de plaisir. »

La vérité est qu’Annibal, représenté sur la scène des Français, le 16 décembre 1720, n’eut pas même les honneurs d’une chute retentissante. Cette tragédie dura l’espace de quatre représentations et disparut de l’affiche. Elle reparut plus tard avec succès. Mais c’était dans le temps où Marivaux était académicien. On se crut alors tenu de l’applaudir.

Une féerie, intitulée Arlequin poli par l’amour fut le premier succès de Marivaux dans le genre qui devait illustrer son nom. Il commença dès lors à parler d’amour exclusivement, et ce fut, pendant quarante années, jusqu’à sa mort, son principal entretien.

La comédie d’Arlequin poli par l’amour fut représentée pour la première fois par les comédiens italiens, le 18 octobre 1720, et obtint douze représentations, ce qui était jadis un chiffre fort honorable.

Le chef de la troupe des Italiens était alors le célèbre acteur Riccoboni, plus connu sous le nom