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MARIANNE.

inquiété la tendresse, c’est ce que l’on apprendra par le menu, si l’on a la patience de lire jusqu’au bout les onze chapitres de cette histoire.

Osons l’avouer. Cette Vie de Marianne est souvent longue et ennuyeuse. Ce récit interminable languit, défaille et, par endroits, semble s’assoupir. Il faut, pour achever ces onze livraisons, tout le loisir dont disposaient nos arrière-grand’mères, et une longanimité dont nous ne sommes plus guère capables. Cette narration est aussi diffuse que les romans anglais dont la vogue commença de tourner la tête aux Français peu de temps après que Marivaux eut publié son roman. Quelques historiens de la littérature, et non des moins autorisés — M. Gustave Larroumet, M. Joseph Texte, — ont même soutenu avec raison, et en renforçant leur affirmation par des preuves, que la Vie de Marianne a servi de modèle à ce fameux ouvrage de l’imprimeur Richardson, dont nos aïeules attendries pouvaient débiter le titre tout d’une haleine :

Paméla ou la vertu récompensée, suite de lettres familières, écrites par une belle jeune personne à ses parents, et publiées afin de cultiver les principes de la vertu et de la religion dans les esprits des jeunes gens des deux sexes : ouvrage qui a un fondement vrai, et qui, en même temps qu’il entretient agréablement l’esprit par une variété d’incidents curieux et touchants, est entièrement purgé de toutes ces images qui, dans trop d’écrits composés pour le simple amusement, tendent à enflammer le cœur au lieu de l’instruire.

Les aventures de Marianne (nous savons que l’au-