Page:Deschamps - Marivaux, 1897.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
148
MARIVAUX.

D’entendre frémir cette voix,
Qui vient de si loin, d’autrefois,
Et qui pleure.

Chansons grêles du clavecin,
Notes frêles, fuyant essaim,
Qui s’efface,
Vous êtes un pastel d’antan
Qui s’anime, rit un instant,
Et s’efface.

Comme vous meurtrissez les cœurs
De vos airs charmants et moqueurs
Et si tristes,
Menuets à peine entendus,
Sanglots légers, rires fondus,
Baisers tristes !

la philosophie des soubrettes

Elles s’appellent Marton, Jacqueline, et surtout Lisette. Elles sont aussi jolies que leurs maîtresses, et n’ont pas moins d’esprit. C’est-à-dire qu’elles en ont jusqu’au bout des ongles. Leur office est de coiffer, d’habiller, de servir des jeunes filles et des jeunes femmes amoureuses, et surtout de leur prodiguer des conseils ingénieux. Elles ne ressemblent pas aux servantes de Molière. Si elles ont quelquefois le verbe haut, le poing sur la hanche, le cotillon troussé, et la riposte prompte, si elles savent, d’un vif coup de raquette, renvoyer la balle, ce n’est pas comme cette pécore de Flipote ni comme cette péronnelle de Toinon, ni comme cette pie-grièche de Martine, ni comme cette harengère de Nicole. Ce ne sont point des luronnes, mais des figurines. Leurs impertinences sont mièvres. Elles n’ont