est beau, bien fait, et n’ignore pas que de pareils avantages valent mieux qu’une ferme en Beauce. Lorsqu’il se regarde dans son miroir, il sourit au joli garçon qu’il aperçoit, et il lui dit amicalement : a Courage, tu iras loin ». Il est assez satisfait des présents que la nature lui prodigua, et il laisse volontiers son valet s’espacer sur ce thème ; « Monsieur, votre bonne mine est un Pérou. Tournez-vous un peu, que je vous considère encore ; allons, Monsieur, vous vous moquez ; il n’y a pas de plus grand seigneur que vous à Paris ; voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre affaire est infaillible, absolument infaillible. Il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l’appartement de Madame…. Oui, je le soutiens, vous êtes actuellement dans votre salle, et vos équipages sont sous la remise. »
Cette conversation entre maître et valet se tient dans la maison même d’Araminte, où Dorante s’est introduit en qualité d’intendant. Ce moyen ne semble pas très délicat, bien que l’ambition du jeune intrigant se change très vite en une passion sincère. Dorante, aidé de son compère, commence par investir savamment le cœur de la jolie veuve ; et, bientôt, c’est lui qui est pris au piège. La divine vertu de l’amour le rend tout à fait honnête homme. Ce n’est pas le premier roué, ni le dernier, que l’influence d’une femme exquise aura sauvé de sa propre rouerie. Dorante amoureux se change en un Dorante ingénu. C’était un séducteur. Il devient séduisant. La présence de l’Adorée accomplit en lui ce miracle. S’il n’aimait réellement, du fond de son