Page:Deschamps - Marivaux, 1897.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
MARIVAUX.

« C’est que, sérieusement, vous êtes belle avec excès, vous l’êtes trop ; le regard le plus vif, le plus beau teint ! Ah ! remerciez-moi, vous êtes charmante, et je n’en dis presque rien. La parure la mieux entendue ! Vous avez là de la dentelle d’un goût exquis, ce me semble. Passez-moi l’éloge de la dentelle. Quand nous marie-t-on ?

— À laquelle des deux questions voulez-vous que je réponde d’abord ? À la dentelle ou au mariage ?

— Comme il vous plaira. Que faisons-nous cette après-midi ?

— Attendez. La dentelle est passable. De cette après-midi, le mariage en décidera. De notre mariage, je ne puis rien en dire, et c’est de quoi j’ai à vous entretenir, si vous voulez bien me laisser parler. Voilà tout ce que vous me demandez, je pense ? Venons au mariage.

— Il devrait être fait. Les parents ne finissent point !

— Je voulais dire au contraire qu’il serait bon de le différer, monsieur.

— Ah ! le différer, madame !

— Oui, monsieur. Qu’en pensez-vous ?

— Moi ! ma foi, madame, je ne pense point. Je vous épouse. Ces choses-là, surtout quand elles sont aimables, veulent être expédiées. On y pense après.

— Je crois que je n’irai pas si vite. Il faut s’aimer un peu quand on s’épouse.

— Mais je l’entends bien de même.

— Et nous ne nous aimons point.

— Ah ! c’est une autre affaire. La difficulté ne me regarderait point. Il est vrai que j’espérais, madame,