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La France, votre fille, à la voix maternelle,
Sent revivre en son sein une flamme nouvelle ;
Elle se lève enfin, et pour combattre encor
Prend son casque d’airain et son bouclier d’or.
Les rois sont contre toi, pour toi sont les poëtes,
Et les peuples, du ciel ces sacrés interprètes ;
Peut-être quelque jour leur grande et sainte voix
Etouffera le bruit que fait celle des rois.

Italie et Pologne, et toi ma pauvre Irlande,
Les dieux libérateurs ont accepté l’offrande.
Courbés sous le destin et sous sa main de fer,
Pauvres peuples en peine, oui, c’est assez souffert.
Ils passeront, les jours de la plainte et des larmes ;
Bientôt viendra celui de la lutte et des armes.

Italie, Italie, ô mon premier amour !
À tout ce qui fut grand ton sein donna le jour.
À ton nom merveilleux je sens battre ma fibre ;
Moi qui t’ai vue esclave, oui, je te verrai libre…
Puissé-je conserver la force et la santé
Pour voir étinceler ce jour tant souhaité !
Il surgira, ce jour, comme une douce aurore
Et te rendra plus belle et plus brillante encore !
Car le suprême bien, la suprême beauté,
Ma divine Italie, ah ! c’est la liberté.

Frères, soyez unis, et qu’un seul soleil brille
Sur l’Italie entière et sa grande famille ;
Soyez humains surtout et soyez généreux
Envers vos oppresseurs ! Point de haine contre eux.
Que le passé sommeille en un profond silence…
Vous avez la justice, à quoi bon la vengeance ?