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titania.

Maintenant, aux accords d’un invisible luth
Portez-le sous mon myrthe en berceau. — Prenez garde !
Bien. — La lune d’un œil humide nous regarde ;
Et, quand son chaste front laisse échapper des pleurs,
C’est qu’elle plaint, hélas ! la jeunesse des fleurs,
Si rapide sourire ! ou qu’elle se lamente
Sur quelque vierge en peine et qui devient amante…
Dors, mon enfant ; je vais t’enfermer dans mes bras.
— Allons, dispersez-vous, Sylphides, fuyez toutes ! —
Ainsi le chèvrefeuille, en amoureuses voûtes
Se courbe et s’entrelace… Oh ! va, tu m’aimeras !
Ainsi, dans ses anneaux la liane, avec force,
De son sauvage époux emprisonne l’écorce…
Oh ! j’ai soif d’un bonheur inconnu ! laisse-moi
Boire le pur nectar de ta lèvre chérie…
Je donnerais, vois-tu, pour un baiser de toi,
Tout mon royaume de féerie !… »




Tel j’ai voulu, Shakespeare, — ah ! pardonne en faveur
De mon irrésistible et constante ferveur, —
Détacher trois rameaux de l’arbre fantastique,
Qui varie aux regards ta forêt dramatique ;