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Sorcières et caverne, il n’en reste plus rien.
Des Sylphes, dans l’azur, le chœur aérien
Plane ; un Songe-d’Été nous porte près d’Athènes,
Sous un bois plein d’oiseaux, de fleurs et de fontaines.
Titania, la fée au sceptre de saphirs,
Contemple un beau berger que bercent les zéphyrs ;
Tandis, qu’en souriant, sa cour, un peu loin d’elle,
Fait, dans tous les sentiers, une garde fidèle.

titania.

 « Ne cherche pas, jeune homme, à sortir de ce bois,
De ma belle prison de mousses et de feuilles.
Tu resteras ici, mortel, que tu le veuilles
Ou non ; car mon oreille est ivre de ta voix,
Et mes yeux de ta forme, et je commande en Reine
À ce peuple d’Esprits qu’à ma suite je traîne.
Sur mon Empire un seul été règne toujours ;
Tu règnes sur mon cœur, toi, soleil de mes jours !
Viens ; je te donnerai pour compagnes, des fées,
Couvertes d’ambre et d’or, et de perles coiffées.
Elles t’iront chercher, dans l’abîme des eaux,
Mille joyaux sacrés, que n’ont point vus les hommes ;
Puis, elles chanteront, durant tes légers sommes
Sur un lit de lotus, d’herbes et de roseaux.
Et je saurai si bien, par ma toute puissance,
Épurer, en jouant, aux flammes d’un éclair,
Les éléments grossiers de ton humaine essence,
Que tu prendras le vol d’un jeune Esprit de l’air !…