Que le tronçon d’un serpent des marais
Avec le jus du serpent cuise et roule ;
Ajoutons-y d’abord un œil de poule,
Le fiel d’un bouc, trois dents de louve après ;
Puis le duvet de la souris volante ;
Un dard d’aspic, une aile de hibou ;
Un pied de porc, la cervelle d’un fou,
Et le polype, à moitié bête et plante.
Faisons bouillir le coulis infernal ;
Formons un charme invincible et fatal.
Redoublons de travail, que le feu tourbillonne ;
Soufflons, et qu’à grand bruit la chaudière bouillonne !
Les écailles d’un dragon vert,
Une langue de chien, une taupe endormie,
Un vieux œuf, des morceaux de sorcière en momie,
L’estomac d’un requin ouvert,
Une racine de ciguë,
Arrachée, à minuit, par une bise aiguë ;
Une cuisse de grand lézard,
Onze branches d’un if, abattu sur la dune
Pendant une éclipse de lune,