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Sur le front d’un vieux juge, il rêve remontrances,
Épices et gibets ; parmi les longs cheveux
D’une dame romaine, elle entend des aveux,
Des sonnets caressants, de molles sérénades.
La fée, en mille endroits, poursuit ses promenades ;
Tantôt elle s’accroche au nez d’un procureur,
Vite, il flaire un procès, délicieuse erreur !…
Tantôt elle se plaît, du bout de sa baguette,
À gratter le menton d’un gros abbé, qui guette,
D’un air humble et contrit, un bon canonicat.
Elle escalade encor la nuque d’un soldat,
Qui rêve d’ennemis qu’il pourfend, de cruzades,
De coutelas d’Espagne et de larges rasades ;
Le tambour retentit, il s’éveille, et d’abord
Jure, et prie en jurant toujours, puis se rendort.
C’est Elle, c’est aussi la fée aventurière,
Qui des chevaux, dans l’ombre, émiette la litière,
Et dont elle aplatit et tresse avec douleur
Les crins ensorcelés, présage de malheur !
C’est Elle enfin, dit-on, qui, dans un songe habille,
Coiffe de fleurs, ramène au bal la jeune fille,
Et lui fait entrevoir des mystères, qu’un jour,
À son cœur ignorant dévoilera l’amour…
Mais, le coq chante ; adieu la Reine Mab ! »








Mais, le coq chante ; adieu la Reine Mab ! » La scène
Se transforme ; et l’on voit la caverne malsaine,