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Lombard, le Lombard a vendu le manuscrit à un digne confrère, celui-ci à un autre, bref le manuscrit était une seconde fois perdu. Pétrarque, on le comprend, fit les plus furieuses recherches ; il ne retrouva jamais… que le vieux pédagogue.

Pour sortir un peu de la torpeur où l’avait plongé sa mésaventure, le poëte se remit en voyage de découvertes. Cette fois il vit, de ses yeux vit (du moins il l’affirme) les manuscrits du grand Varron ; c’était dans un couvent de la haute Italie[1] : il insista pour les avoir ; on les lui fit espérer, puis on changea d’avis : le manuscrit rentra dans les oubliettes du monastère ; Pétrarque eut beau insister, tourmenter, rien n’y fit : l’occasion perdue avait fui pour toujours.

On voit que, s’il fut heureux en quelques circonstances, le pauvre grand poëte avait aussi ses jours de déconvenue ; au reste, nous allons avoir l’occasion de revenir à lui.

Ainsi qu’on peut le voir, d’après les quelques extraits d’inventaires de librairies que nous venons de donner, on peut résumer en peu de mots l’histoire, malheureusement trop incomplète et un peu incertaine des manuscrits de Cicéron.

  1. Pétrarque ne dit pas où il trouva ou crut trouver les manuscrits de Varron : nous avons quelques raisons de croire qu’il veut parler de l’abbaye de Bobbio, dont les trésors ont été réunis presque tous à la bibliothèque des Médicis, l’une des plus riches du monde.