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de violer, c’est-à-dire à retirer dans un délai de six semaines les livres qu’ils avaient mis en gage, « à laquelle résolution l’abbé de Saint-Bavon, tant en son nom qu’en celui de ses religieux, a promis de se conformer[1]. »

En Angleterre et en Irlande, le culte des lettres antiques se conserve plus pur et plus ardent que dans tout autre pays : on était là placé moins directement sous l’action absorbante du clergé de Rome. C’est d’Irlande que partent ces pieux et savants missionnaires, ces évèques voyageurs, les saint Colomban, les saint Kilian, les Burkard, les Alain, les Sutbert, qui, en France, en Belgique, en Souabe, en Franconie, en Suisse, sur les bords du Rhin, et jusque dans le fond de l’Autriche, laissent partout de précieuses traces de leur passage, de leur influence et de leurs utiles travaux. C’est à ces hommes éminents que l’on doit en France, au temps de Charlemagne, en Angleterre, sous le règne du grand Alfred, la réforme de l’écriture, qui, à l’époque des Mérovingiens comme à celle des premiers rois de l’Heptarchie saxonne, était tombée dans une épouvantable barbarie ; c’est aussi à leur zèle infatigable que l’on doit en Angleterre la renaissance des études littéraires. Aussi voit-on, en cet

  1. Recherches historiques et critiques sur Henri de Gand, par Fr. Huet. Gand, 1838, in-8.