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copistes, dont nous avons parlé, et surtout le système des abréviations, si multipliées à partir du huitième, et spécialement du onzième siècle, abréviations que rendaient nécessaires la rareté et le prix toujours croissants du parchemin, avaient fini par en altérer le texte, à un point que déplorèrent bien amèrement les savants qui s’adonnèrent plus tard à la reconstitution de ces précieux monuments.

En 1231, la librairie de la cathédrale de Ratisbonne ne comptait pas moins de cinq cents volumes[1], tandis qu’en 1136 celle que le comte Gérard légua à l’église d’Angoulême n’en contenait que cent, et celle de Cologne, en 1170, n’avait réuni que cent quatre-vingt-six volumes.

La Belgique, dès le dixième siècle, était classée par le pape Sylvestre II, l’illustre et savant Gerbert, comme un des pays de l’Europe les plus spécialement dévoués à la conservation des monuments littéraires et au culte des lettres : c’était là, ainsi qu’en Italie et en Allemagne, qu’il prescrivait la recherche des anciens manuscrits,

  1. À cette même époque, le chapitre de cette église lui obligé de racheter cette librairie au prix d’une parure d’autel, pesant 67 marcs d’or, valeur énorme pour le temps. « Anno 1250, cum Ratisbonæ Conrado Frederici II filio insidiæ structæ essent, Conradus illis extrema quæque minatus est. Ecclesia ad S. Emmeranum vevaatiouem suam bibliothecæ libris quingentis redemit, ad quam redemptionem altare anreum, quod, a temporibus Remfoldi exstructum, usque ad ea tempora duraverat, 67 marcarum auri expenderunt. » (Paralip. abb. Urs. Naucl. gener. 42.)