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conservés religieusement tlaiis les librairies conventuelles du pays : plusieurs figurent encore sur le catalogue (l’un des plus riches qui soient au monde) des manuscrits de l’abbaye de Saint-Gall. Libri latine ab eo scripti et in Sangallensi et in Constanciensi bibliothecis fuerunt. Suam enim ecclesiam Constanciensem multis ornamentis, plurimis præsertim libris optimis, illustravit. (Casp. Brusch, de omnibus Germaniæ episcop. Epitom., tom. I, f, 36.)

Les abbayes de Marmoutier, de l’Ile-Barbe à Lyon[1], de Fleuri, Ferrières, Tours, Saint-Père de Chartres, Corbie, etc., nous prouvent, par de curieux documents, combien peu de manuscrits profanes les abbés les plus lettrés avaient pu ou osé réunir. Les librairies de ces abbayes, qui marquaient entre les plus riches et les plus savantes de l’époque, présentent à peine un vingtième de leur contenu que l’on puisse rattacher à la littérature classique de l’antiquité païenne, et ces classiques offraient le texte le plus incorrect et le plus imparfait : l’ignorance de ces pauvres

  1. Cette illustre maison lui établie par quelques proscrits sous le règne de Septime-Sévère ; Charlemagne fut le fondateur de sa librairie, qu’il mit sous la garde spéciale de l’archevêque Leydrade, et qui devint en peu de temps l’une des plus importantes de France. Cinq ans après son couronnement à Rome (805), il lui fit hommage d’un manuscrit des œuvres de saint Denys l’Aréopagite, que lui avait envoyé l’empereur Nicéphore, et d’une Bible grecque et syriaque, corrigée de sa propre main : ce dernier fait du moins est affirmé pur Sabellicus et par Palmerius.