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dès ces époques reculées, la perte à jamais regrettable.

Ce qui contribua également à préserver jusqu’à l’époque de la renaissance (du ve au xive siècle) quelques fragments antiques, et facilita singulièrement les investigations des hommes véritablement dévoués à la science, ce fut la conservation de la langue latine, chez tous les peuples qui n’étaient pas absolument retombés dans la barbarie, comme langue officielle pour les actes légaux, pour les pièces politiques et les correspondances cléricales, enfin et surtout comme langue usuelle des savants et des lettrés. Il est fort rare cependant, du vie au xiie siècle, époque néfaste où d’épaisses ténèbres couvrent presque sans éclaircies l’Europe entière (il faut en excepter un demi-siècle pour l’épopée carlovingienne, et, longtemps après, quelle éclatante lumière jettent ces grands esprits essentiellement cicéroniens, les Abélard, les saint Bernard, les Jean de Salisbury, les Henri de Gand !), il est fort rare, disons-nous, de rencontrer des citations qui ne soient pas extraites de la Vulgate et des Livres sacrés ; et peut-être nous sera-t-il permis, incidemment, d’en tirer cette conséquence rigoureuse, que l’austérité intolérante de l’enseignement clérical était bien loin d’encourager l’étude des classiques profanes, et risquait d’étouffer