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reux fut le jeune orateur d’échapper aux fureurs de Marius, aux mépris de Sylla, aux délations des factieux, aux amis de Chrysogon, l’esclave favori du dictateur, qui s’était emparé des biens de Roscius. Pour les garder, ces biens injustes, le misérable spoliateur accusait le fils de Roscius de parricide, et pas un orateur, dans ce forum consterné, qui voulût accepter la défense de Sextus Roscius ! Cicéron la réclama comme un devoir, et le futur vainqueur de Verres accomplit un chef-d’œuvre. Il sauva le jeune homme, il lui rendit sa fortune, il fit pâlir le tout-puissant Chrysogon. Tel fut vraiment son premier triomphe, et chacun reconnut le jeune orateur, récemment arrivé de l’île de Rhodes, où il avait prononcé un beau discours dans la langue même de Démosthène, à la grande admiration de l’assistance. Un seul homme, Apollonius Molon, se taisait, les yeux baissés ; à la fin, il s’écria : « Honneur à toi, jeune homme, et ne sois pas étonné si je pleure en ce moment, quand tu enlèves à la Grèce l’éloquence, le der-