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toute sa force, et la plus belle part de sa gloire. Elle lui servit de bouclier dans les violentes commotions de la république expirante ; elle le maintint, calme et fier, dans les sages limites, hors desquelles commencent le meurtre, le pillage et tous les délires de l’injustice. On ne dirait pas certes, à le voir marcher d’un pas si calme, au-dessus des ruines et des cendres qui recouvrent ce vaste incendie, un contemporain de ces deux brigands armés, Sylla et Marius, inventeurs abominables des proscriptions, des confiscations et de tous les meurtres de la guerre civile qui devaient désoler et déshonorer la cité de Romulus. Contemporain de Pompée et de Marc-Antoine, il avait un grand penchant pour les belles actions de Pompée ; il fut l’ardent ennemi d Antoine ; il pardonnait volontiers ses vices charmants à Jules-César, tant ce jeune homme, à la ceinture relâchée, avait conquis de bonne heure (aux yeux de Cicéron c’était la plus honorable des conquêtes de César) l’art de bien dire et de la persuasion des âmes. Quant à lui,