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aient jamais existé. M. Siméon Luce a pu le prendre en flagrant délit et constater ses nombreuses interpolations dans une copie que Tainguy a faite de quelques livres de Froissart. Cette copie existe à la Bibliothèque Nationale, et M. Siméon Luce a dû la consulter pour la belle édition de chroniques de Froissart qu’il publie pour la Société de l’histoire de France. Constater les interpolations d’un copiste dans les œuvres de Froissart est chose assez facile, puisqu’il existe de nombreux manuscrits du chroniqueur de Valenciennes ; c’est chose presque impossible pour Deschamps, dont on ne connaît qu’un seul manuscrit complet. Cependant, si l’on veut bien se reporter à la note que nous avons consacrée (page 388 du premier volume) à la balade CXLIX, on verra que nous exprimions déjà un doute sur l’authenticité de cette balade, ou plutôt que nous nous croyions fondé à affirmer que cette balade CXLIXe n’était pas de Deschamps, sans pouvoir, toutefois, décider quel en était l’auteur. En se reportant à cette note du premier volume, on verra que les balades CXLV, CXLVI et CXLVII, dirigées Contre ceux qui jurent Dieu, étaient faites sur les mêmes rimes ; un rondeau (no CXLVIII) qui les suivait expliquait qu’elles avaient été composées, la première par Damp Mahieu, personnage inconnu ; la seconde par Arnaud de Corbie, le protecteur présumé de Raoul Tainguy ; la dernière seulement par E. Deschamps. Après le rondeau se trouvait une quatrième balade (no CXLIX) sur le même sujet et les mêmes rimes : nous nous demandions quel en avait pu être l’auteur ; ce n’était assurément aucun des trois personnages nommés dans le rondeau. Grâce à la note de M. Luce, nous pouvons y voir avec vraisemblance une interpolation de Raoul Tainguy, et lui attribuer la paternité de cette balade qui, à tout prendre, n’a pas grande valeur. — Du reste, si la découverte de M. Siméon Luce doit avoir beaucoup d’importance pour