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Le métal que la terre enferme
A comblé le moule. Ah ! du moins,
L’œuvre arrivé pur à son terme
Paîra-t-il notre art et nos soins ?
Mais si l’enveloppe fragile
Rompait sous le bronze enflammé !…
Peut-être, dans la sombre argile,
Le mal est déjà consommé !

Nous confions au sein de la terre profonde
L’ouvrage de nos mains ; dans son ombre féconde,
Le prudent laboureur laisse tomber encor
L’humble grain, en espoir riche et flottant trésor.
Vêtus de deuil, hélas ! nous venons à la terre,
D’un germe plus sacré déposer le mystère,
Pleins de l’espoir qu’un jour, du cercueil redouté,
Ce dépôt fleurira pour l’immortalité. —
Des hauts sommets du dôme, aux épaisses ténèbres,
La Cloche a du tombeau tinté les chants funèbres.
Écoutez ! Ses concerts, d’un accent inhumain,
Suivent un voyageur sur son dernier chemin.