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Qu’à la fleur qui n’est plus succède un fruit plus doux.
Déjà, la vie hostile appelle au loin l’époux ;
Il faut qu’il veille, agisse, ose, entreprenne, achève,
Pour atteindre au bonheur, insaisissable rêve.
D’abord il marche, aidé de la faveur des cieux :
L’abondance envahit ses greniers spacieux ;
À ses nombreux arpens d’autres arpens encore
S’ajoutent ; sa maison s’étend et se décore ;
La mère de famille y règne sagement ;
Du groupe des garçons gourmande l’enjouement ;
Instruit la jeune fille, aux mains laborieuses ;
Vouée aux soins prudens des heures sérieuses,
Des rameaux du verger elle détache et rend
Tout le linge de neige à son coffre odorant ;
Y joint la pomme d’or que janvier verra mûre ;
Tourne le fil autour du rouet qui murmure,
Partage aux travailleurs la laine des troupeaux,
Les surveille et comme eux ignore le repos.
Du haut de sa demeure, au jour naissant, le père
Contemple, en souriant, sa fortune prospère,
Ses murs dont l’épaisseur affronte les saisons,
Et ses greniers comblés des dernières moissons,