Page:Deschamps - Études françaises et étrangères, 1831, 5e éd.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
liii —

Il est temps de dire un mot du style, cette qualité sans laquelle les ouvrages, sont comme s’ils n’étaient pas ; on se figure assez généralement parmi les gens du monde, qu’écrire sa langue avec correction et avoir du style, sont une seule et même chose. Non : l’absence des fautes ne constitue pas plus le style, que l’absence des vices ne fait la vertu. C’est l’ordre des idées, la grâce ou la sublimité des expressions, l’originalité des tours, le mouvement et la couleur, l’individualité du langage, qui composent le style ; c’est après une peinture éloquente de toutes ces qualités que Buffon a dit : Le style est l’homme même. Ainsi, on n’a point de style pour écrire correctement des choses communes, et on peut avoir un style, et un très-beau style, tout en donnant prise à la critique par quelques endroits. Une autre erreur, à laquelle sont mêmes sujets certains hommes de lettres, c’est de croire qu’il n’y a qu’une manière de bien écrire, qu’un vrai type de style. Comme Racine et Massillon passent avec raison pour les écrivains les plus irréprochables, ces messieurs voudraient, par exemple, que Racine eût écrit les tragédies de Corneille,

    et toutes nos doléances dramatiques continuent de recevoir leur application exacte à cet égard. Le drame historique est, à la haute tragédie poétique, ce que le roman historique est à l’épopée.