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propre, aucun intérêt hors de l’art ne nous a dirigés ; nous n’avons d’autre ambition que de faire connaître le grand poète anglais au public français ; si nos ouvrages sont applaudis, c’est Sbakspeare qu’on applaudira : si Shakspeare n’est pas compris, ce sera la faute de ses interprètes ; d’autres plus habiles ou plus heureux viendront, et nous serons les premiers à servir et à proclamer leur triomphe. Mais, encore une fois, il y a urgence ; le moment est décisif ; tout peut être compromis et retardé par l’apparition du faux romantisme. Peut-on espérer que la Comédie-Française ouvrira enfin les yeux ? Avec les chefs-d’œuvre de son magnifique répertoire, secourus des chefs-d’œuvre de Shakspeare, avec l’ensemble satisfaisant qu’elle peut encore donner à ses représentations, avec la sollicitude éclairée de M. Taylor (si elle sait y reconnaître sa providence), la Comédie-Française reprendrait bientôt cet éclat et cette popularité qui s’effacent et se perdent de jour en jour dans les pâleurs de l’imitation et dans les déviations de la routine.

Autrement, et si le Théâtre-Français persiste dans son inaction ou dans son activité mal entendue, il n’est pas possible que l’autorité actuelle, qui a si sagement détruit tant de monopoles, épargne long-temps encore le plus intolérable