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3i2 OEUVRES D’EMILE DESCHAMPS. Il nous resta. Ce fut l’honneur de nos salons, Que lui, l’homme brillant que nous nous rappelons, Modèle du bien dire et des belles manières, Lui qui des novateurs tint si haut les bannières; Lui qui, par tant de vers pris pour juge ou témoin, Les lisait, envoyés de si haut, de si loin. Qui, consulté toujours, toujours à la riposte, Sans émousser sa plume eût fatigué la poste, Lui, par les beaux esprits bel esprit courtisé, Ne se crut parmi nous jamais dépaysé. Réglant sur nous son pas, il entra dans nos voies; Il prit part à nos mœurs, à nos pleurs, à nos joies; L’air que nous respirons fut son cher élément ; De tout cercle il était la fête et l’ornement. Il épancha sur nous ses dons de poésie, Et conquit dans nos murs ses droits de bourgeoisie. Cœur toujours bienveillant, esprit toujours égal. Regard, voix, geste, en lui tout était madrigal. Son nom par l’enfant pauvre est béni dès la crèche ; Au sermon pastoral il ajoutait son prêche; Et ses vers qu’avec joie on venait écouter. Faisaient battre les cœurs et les bourses tinter. Pour bal de charité, patriotique fête. Pour un deuil paternel, sa lyre, toujours prête, Sur le mode assorti savait se réveiller. Il est bien nôtre : aussi, Versailles, l’oreiller Qu’avait choisi son front pour achever de vivre. Voudra le voir souvent renaître dans son Livre, Livre pour tout pupitre enviable décor, Et que, vingt fois relu, nous voudrons lire encor. A. MONTALANT-BOUGLEUX ^ . Littérateur très-distingué, officier sous le premier empire, mort à Versailles, peu de temps après M. Emile Deschamps,