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noMÉo Eï julil:tti:. l’ji Et d’ôter de son doigt, pour un pieux usage, Un anneau qui m’est cher. — Va-i’en donc. — Si poussé D’un soupçon curieux quelqu’un vient, insensé, M’épier... saints tombeaux, vengeurs des grands scandales, De son cadavre épars je joncherai vos dalles. Comme l’heure et le lieu, j’ai de tristes objets L’àme pleine... et mes noirs et farouches projets Renferment plus d’horreur et plus de barbarie Que les tigres à jeun et la mer en furie! BALTAZAR. Je vous laisse, seigneur, entre les mains de Dieu. ROMKO, lui donnant une bourse. Honnête serviteur, tiens, sois heureux... adieu! BALTAZAR, à part. Son regard m’épouvante et comme lui je soulTre ! Ballazar sort par les mûmes arcades du Tond. ROMKO, seul. — Dès qu’il est sur que Baltazar est loin, il rejett3 son manteau et parait vêtu tout de noir, un poignard à sa cein- ture. U s’avance exaspéré de désespoir vers le tomiieau des Capulets, le levier à la main, et, monté sur les marclies, il frappe pour enfoncer la porte. Toi, bouche de la mort, abominable gouffre, Qui viens de dévorer le plus beau des trésors. C’est ainsi qu’à s’ouvrir je force tes ressorts! Quoique rassasiée, il faut que je pourvoie Ton vorace appétit d’une nouvelle proie!... Celle-là, tu pourras l’engloutir sans remords. u finit par soulever la porte du tombeau, dont les deux battants s’ouvrent, on voit tout l’intérieur du monument, sépulture des Capulets, offrant une longue perspective de cercueils éclairés par des lampes. Sur le premier cercueil parait Juliette, étendue (ians sa bière ouverte, elle tient un crucifix entre se-> bras et son visage découvert a conservé toute sa beauté. Roméo, partagé entre la terreur et le respect, se jette à genoux devant la bière de Juliette, et continue d’une voix passionnée après avoir contemplé avec extase les traits de son amante. (J mon ange adoré, Juliette! la mort A de ta pure haleine aspiré l’ambroisie,