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188 OEUVRKS D’KMILE DKSCHAMPS. l’ai’Otiiicairi:. J’ai (le ces bons poisons, mais la loi de Mantoiie Punit de mort quiconque en débite. nOMKO. J’avoue Que tu m’étonnes! Quoi! tu ne peux te noiircir, Ta vie est un néant, et tu crains do mourii-! Le mépris est sur toi, tu n’es qu’un vil esclave, Le monde, en la faveur, n’a pas une loi. — Brave Ses lois, et prends cet or, prends ! L APOTHICAIRE, allant à la boutique sans prendre encore la bourse. C’est ma pauvreté Oui l’accepte, seigneur, et non ma volonté. UOMÉO. Et c’est la pauvreté seulement que j’ac’nète ! l’AI’OTHICAIRE, revenant avec une fiole. Cette drogue, seigneur, que je livre en cachette, Prenez-la comme elle est, ou dans telle liqueur Que vous voudrez, et, certe, eussiez-vous dans le cœur Et dans tout votre corps la force de vingt hommes, Elle vous aura vite expédié. ROMKO, lui leraettant la bourse. ]ous sommes Quittes. Voilà ton or, poison bien plus fatal Pour le cœur des mortels, et qui fait plus de mal, De meurtres sur la terre où je suis las d’attendre, Que celui qu’en ces murs on t’interdit de vendre. Sois tranquille ; c’est moi qui te vends du poison. Toi, tu me fais du bien. — Rentre dans ta maison. Adieu. Mange à ta faim, répare ta toilette, Et songea mettre un peu de chair sur ton squelette. L’apothicaire se retire. ROMÉO, seul. Viens, philtre ami! viens voir ma femme sous les draps De la mort, car c’est là que tu me serviras! Il sort. (Changement de décor au moyen do la toile de fond qui se lève.)