Page:Deschamps, Émile - Œuvres complètes, t5, 1874.djvu/186

Cette page n’a pas encore été corrigée

178 OEUVUKS D’ÉMILI-: UKSCH A.MPS. Qui sait, si dans la fièvre, où seront mes esprits, Je n’irai point, farouche, insulter les débris De mes ancêtres, rois d’un peuple mortuaire, Arracher, tout sanglant, Tybalt de son suaire. Et, par un sacrilège et sombre égarement, M’armer d’une croix sainte ou de quelque ossement, Comme d’une massue, et m’en briser le crâne! — Elle regarde fixement un coin de sa chambre. Oh! que vois-je? Tybalt! — c’est son ombre profane Qui cherche Roméo ! —Monstre, arrête ! — Eh quoi ! quoi ! ïu veux, — mon Roméo! Tiens! tiens! je bois à toi ! Après qu’elle a bu la fiole, elle va tomber sur le lit, et y reste immobile et inanimée, un voile sur le visage, les rideaux sont à demi fermés. SCÈNE V. Le jour commence à poindre. — Les flambeaux s’éteignent. — Musique de la noce dans l’éloignement. JULIETTE, sur le lit, La Nourrice entre d’un air joyeux. LA NOURRICE, appelant. Chère maîtresse, allons! c’est moi! — Bonté divine! Dort-elle? — Paresseuse! — Eh bien? Ah ! je devine. Vous prenez du sommeil pour votre nuit d’hymen, Car... suffit! S’approchant du lit et parlant plus haut. Allons! — Rien! Dieu nous bénisse! amen! Elle ouvre les rideaux. Comment! tout habillée!... et, quand je la redresse Elle retombe encor! — Juliette! maîtresse! Elle lui découvre le visage. Morte! morte! — Pourquoi suis-je née! ô mon Dieu! Criant plus fort. Ah! seigneur Capulet! madame!