Page:Deschamps, Émile - Œuvres complètes, t4, 1873.djvu/114

Cette page n’a pas encore été corrigée

104 ŒUVRES D’EMILE DESGHAMPS. trouve dans la pièce de M. Bignan ’, dont le talent poétique est déjà avantageusement connu, des vers tels que ceux-ci : Leur maîfre à la fureur des ondes et des vents En d’étroites prisons les exposent vivants; Tantôt, d’un mal hideux s’ils vont périr victimes, Son bras les précipite au fond des noirs abîmes, Ou ranimant l’ardeur de leurs corps languissants, Les contraint d’agiter leurs fers retentissants. Et le fouet inhumain, docile à la cadence, Presse à coups redoublés cette exécrable danse. Le malheureux, chargé d’entraves inhumaines. Redemande à ses dieux les plages africaines, Ces palmiers au front vert, ces arbres aux fruits d’or, Dont sa bouche altérée exprimait le trésor; Des larges bananiers la voûte parfumée. Des toits de sa tribu l’ondoyante fumée; L’oiseau que de sa flèche il perçait dans les airs, Ces fleuves, ces torrents, ces rochers, ces déserts. Ces déserts où souvent la main de la nature Change une mer de sable en île de verdure. Il y a un beau coloris dans ce style et beaucoup de charme dans cette dernière peinture. On trouve aussi de la grâce et du sentiment dans quelques vers de la pièce N° là, attribuée à M. Alletz, qui a obtenu le prix Tannée dernière, mais ils ont été suivis de nombreux fragments tirés de plusieurs autres poèmes, et je ne veux pas faii’e partager à mes lecteurs la fatigue qui commençait à gagner l’auditoire. Les sujets donnés sont tout dans Tintérêt des juges et nulle- ment dans celui de l’assemblée. 11 est peu de patiences à l’épreuve de ce thème en vingt façons, écrit en géné- ral sur le ton grave et un peu sec de la haute épître. J’en reviens encore à mes Jeux Floraux, où la lyre peut varier ses airs à volonté et chanter sur tous les modes, sans se mettre en discordance avec le pro- gramme. Ce qu’il y a de certain, et je dois le signaler ici pour que l’Académie en fasse son profit, c’est que, bien avant la fin des lectures, des signes funestes se . Ce poëme, ainsi que celui de M. Cliauvet, se trouvent chez Firmin Didot, libraire, rue Jacob, n» 56.