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PROSE

PREMIÈRE PARTIE




LETTRE À L’ÉDITEUR DU MERCURE


SUR LE CROMWELL DE M. V. HUGO[1]


Vous vous êtes empressé, Monsieur, de rendre compte d’un livre que la curiosité oisive, la critique dénigrante et l’admiration éclairée attendaient avec une égale impatience. Ce grand ouvrage de M. Hugo, dont la franche originalité heurte de front tous nos préjugés littéraires et dérange brusquement nos habitudes dramatiques, n’a pas été, ce me semble, convenablement appréciée par votre rédacteur. Cromwell me paraît admirable dans plusieurs de ses parties et caractéristique dans toutes.

La destinée des productions hautes et fortes, comme celle des hommes supérieurs, est orageuse et disputée. Quelque chose d’étrange et d’inusité les signale toujours à la malignité ignorante ou au pédantisme vulgaire. Les gens de lettres manques, les connaisseurs à courte vue ne pouvant saisir les proportions générales d’un grand

  1. L’auteur avait oublié ce morceau important dans le classement de ses œuvres. On nous saura gré de l’avoir retrouvé et conservé.

    (Extrait du tome XXe du Mercure de France au xixe siècle (1828, p. 289.)

    (Note de l’Éditeur.)