Les fleurs n’ont qu’un trésor de beauté passagère ;
Phœbé montre et tantôt cache son front d’argent ;
Pourquoi dans l’avenir chercher en t’affligeant
Des mots que la crainte exagère ?
Que n’allons-nous, — tandis qu’un jour nous est donné,
Sous l’ombre de ce pin ou de ce haut platane,
Parfumés du nard d’Ecbatane,
Boire à longs traits, le front de roses couronné !
Bacchus dissipe au loin les douleurs incertaines. —
Enfants, prenez la coupe et le vase écumeux ;
Qui de vous plongera le falerne fumeux
Dans les fraîches eaux des fontaines ? —
Oui va chercher Lydé dans son réduit charmant ?
Ah ! courez ! qu’elle vienne avec son luth d’ivoire,
Et, comme à Sparte, en tresse noire.
Ses ondoyants cheveux noués négligemment !
Folle Albion, tu dis : « Je suis reine ! la terre
Enfante l’or pour moi dans son sein tributaire,
La mer s’enorgueillit de gronder sous ma loi. »
Tu le dis : tes nochers, sur la foi des étoiles,
Ont déployé les voiles…
N’as-tu pas vu la Mort qui s’embarque avec toi ?
A tes mâts suspendu, l’impatient fantôme
Déjà compte tes fils promis à son royaume ;
Nota. Ce sont là les premiers vers de l’auteur qui les composa au sortir du collège, et les publia au commencement de l’année 1812. Il reproduit ici cette vieille primeur, qui peut-être mériterait quelque intérêt relatif, comme specimen poétique, si le reste de l’œuvre obtenait jamais une attention sérieuse.