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LE POEME DE RODRIGUE

Et détestent leur rang, leurs pages, leurs richesses.
En voyant tes grands yeux, ta gloire, et mon amour ! »

Florinde au roi de Gastille
Mot ni regard n’adressa ;
Elle croisa sa mantille ,
Sur sa figure gentille
Jeta son voile, et passa...

Mais attendez ; les rois sont cruels par nature,
Et ce n’est pas ainsi que finit l’aventure.


II


LE CRIME DE RODRIGUE


 Le cœur plein de honte ;
Le front pâle, où monte
Une rougeur prompte,
Baigné de sueur ;
Sous des pleurs sans nombre,
Ses regards dans l’ombre
Jetant une sombre
Et morne lueur ;

De ses mains craintives
Retenant captives
Les mains trop actives
Du roi, jeune et fou ;
Une faible femme ,
Rebelle à sa flamme
Et, l’orgueil dans l’âme,
Pliant le genou ;
 
Morte de fatigue.
Parle au roi Rodrigue,
Et prie et prodigue