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NOTE NECROLOGIQUE


c’était à son gré une fonction dont on pouvait être fier encore.
Il avait le don de l'admiration , qualilè rare chez les poêles surloul. Narcisses toujours penchés sur leur propre miroir. SU admirait ainsi, c’est qu’il était supérieur : comprendre, c’est égaler. Peut-être, sur la fin de sa vie. cette facilité sympathique l’ emporta- t-elle un peu trop loin et lui fit trouver des paroles fatteuses pour des médio- crités ; il n’est pas d’huître oh il ne découvrit une perle qu’il savait enchâsser dans l’or d’une phrase délicatement ciselée et dont il faisait briller l'orient sous son meilleur jour. — Les jeunes poètes l’aimaient et le recherchaient ; il en avait toujours autour de lui toute une couvée , et il les encourageait à ne pas douter de leurs ailes. C’était le patriarche de l’école, patriarche aimable, sou- riant, homme du monde et de politesse exquise, et, quoi- qu’il eût traduit la Fiancée de Goethe et la Cloche de Schiller, imité Macbeth et Roméo et Juliette, et transporté dans notre langue, avec toute sa couleur, la Légende de Rodrigue, très-Français en somme, et spirituel comme un, causeur du xvni" siècle — ce qui lui faisait dire dans une de ses préfaces : « Ce n’est pas un crime de ressembler à son père. »
D’uni’ extrême habileté métrique, l’improvisation ne lui coûtait guère. Tout le monde lui demandait des vers, et il n’en refusait à personne. Il en écrivait sur les albums, il en faisait pour les crèches, pour les œuvres de charité, pour les inaugurations. Que de clinses charmantes dis- persées, au vent ! que de perles égi-emes faute d’un fl qui les rattache ! car, aux muindi’cs de ses œuvres légères,